Une colline isolée au cœur de la campagne serbe, un petit village, trois personnages excentriques, Tsane, son grand-père, leur voisine Bossa, institutrice ayant pour seul élève Tsane. Ayant soudainement l’impression que sa fin est proche, le grand-père confie une mission à Tsane, il lui demande de se rendre dans la ville la plus proche avec leur vache, de la vendre et d’acheter avec l’argent un icône et un souvenir, puis de se trouver une épouse. Une étrange mission pour cet adolescent à peine encore sorti de l’enfance. Tsane prend néanmoins le chemin de la ville. Il va y faire d’étonnantes rencontres et vivre de décapantes aventures.
Au-delà de cette simple trame narrative qui n’est guère originale, c’est l’univers de Kusturica qui nous saisit pleinement dès les premiers plans. Le cinéaste commence par planter un décor lumineux, la photographie du film est tout simplement magnifique, on passe de plans verdoyants à des plans aux couleurs vives et chaleureuses, toujours marqués par de petites touches tout aussi poétiques qu’insolites, comme cette image de Tsane prenant son bain dans un lavoir empli de pommes aux teintes dorées.
Le décor planté c’est la musique qui nous emporte, elle s’impose, nous entraîne directement dans ce récit au même titre que les personnages qui, dès la scène d’ouverture se dandinent allègrement ce qui crée une ambiance des plus rocambolesques. S’ensuit une scène extraordinaire, débordante de vie et d’originalité, portée par les inventions cocasses du grand-père surveillant les intrus qui pénètrent le village, les piégeant, réveillant de manière quelque peu extravagante son petit-fils. C’est ainsi que l’on pénètre dans ce nouveau film de Kusturica, en riant de bon cœur dès ses premières frasques, conquis immédiatement par une ambiance baroque, délicieusement folle, un rythme trépidant qui ne se relâche à aucun moment.
Dans son excentricité éclatante, Promets-moi se rapproche plus dans la filmographie de Kusturica de son dernier film La vie est un miracle. Sa mise en scène, audacieuse et fantaisiste, romantique et cynique, est parfaitement maîtrisée et il s’en dégage une incroyable énergie. Le seul reproche que l’on pourrait peut-être lui faire est de ne pas assez se renouveler, en même temps, la recette prend et se révèle succulente. Si la magie opère, il serait stupide de bouder un film, comme certains pourraient peut-être le faire, sous prétexte que l’on y retrouve certaines thématiques, certaines obsessions propres à son auteur, d’autant plus qu’il a l’art de mettre en scène les vaches et de les rendre attendrissantes et malicieuses, celle de Promets-moi s’appelle Cvetka…
Peut-être une nouvelle palme, la concurrence est rude cette année, en tout cas, une dernière projection d’une franche gaieté qui nous amène à refermer dans l’allégresse cette nouvelle parenthèse cinématographique.”
|